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Il existe de nombreuses versions différentes de la lutte contre les incendies militaires à travers le monde, en fonction des traditions, du statut administratif et de la mission. Tout d’abord, un pompier militaire est un membre des forces armées spécialisé dans la lutte contre les incendies et les opérations de sauvetage sur les installations militaires, les navires et les avions. Il est chargé de prévenir et d’éteindre les incendies, ainsi que de répondre à d’autres urgences telles que les incidents liés aux matières dangereuses, les accidents de véhicules et les urgences médicales. Mais ce n’est pas la seule compétence : les pompiers militaires sont également impliqués dans de nombreuses activités civiles, telles que la lutte contre les incendies de forêt, la gestion des incidents NATECH ou pétrochimiques. La taille compte : les situations d’urgence obligent un pays à utiliser toutes ses ressources, y compris militaires, pour atténuer les crises systémiques. Mais le statut administratif ou la tradition peuvent également donner un statut militaire à des unités de lutte contre les incendies qui se consacrent principalement aux questions civiles : c’est le cas des brigades de pompiers de Paris et de Marseille en France, entre autres.

Un statut militaire est associé à des rôles, des missions ou une doctrine spécifique. Les pompiers militaires suivent également une formation spécialisée qui les prépare à faire face à un large éventail de situations d'urgence dans un environnement militaire, mais aussi, comme mentionné, dans un environnement civil : ils peuvent être impliqués dans des activités de prévention des incendies, telles que l'inspection des bâtiments et des équipements pour détecter les risques d'incendie, la réponse aux matières dangereuses et la conduite de formations à la sécurité incendie pour le personnel militaire, éventuellement à proximité du champ de bataille et dans une situation de guerre. À cet égard, le stress opérationnel est certainement une conséquence décisive du fait d'être un praticien militaire de première ligne : ce problème très grave, peut-être sous-estimé, par exemple aux États-Unis, peut et doit être comparé à celui de certains combattants actifs et de certaines unités de sécurité civile civile¹.

Nous analyserons en détail ci-dessous la relation entre le statut et les rôles militaires/civils et les normes et outils de formation. Oui, les pompiers militaires reçoivent souvent une formation transférable à la lutte contre les incendies civile. De nombreuses compétences et techniques acquises dans la lutte contre les incendies militaires sont également applicables à la lutte contre les incendies civile. Certains pompiers militaires peuvent faire la transition vers une carrière de pompier civil après avoir quitté l'armée, tandis que d'autres peuvent travailler simultanément comme pompiers militaires et civils, en fonction de leurs obligations militaires et des opportunités civiles. Cependant, il est important de noter que si la formation de pompier militaire peut fournir une base solide pour une carrière de pompier civil, des exigences ou des certifications supplémentaires peuvent être nécessaires pour travailler comme pompier civil, selon la juridiction.

Plusieurs pays font appel à des pompiers militaires à des fins civiles en plus de leurs missions militaires. En voici quelques exemples :

• États-Unis : Les pompiers militaires aux États-Unis, comme ceux de l'armée de l'air et de la marine, aident souvent les autorités civiles lors d'urgences ou de catastrophes à grande échelle. Ils peuvent être déployés pour aider en cas d'incendies de forêt, d'ouragans, d'inondations et d'autres catastrophes naturelles.
• Royaume-Uni : Les forces armées britanniques, en particulier la Royal Air Force (RAF) et la Royal Navy, disposent de capacités de lutte contre les incendies qui peuvent être utilisées pour soutenir les autorités civiles en cas d'urgence et de catastrophe.
• France : En plus des unités d'élite mentionnées ci-dessus, l'armée française, notamment l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air françaises, fournissent un soutien à la lutte contre les incendies en cas d'urgence et de catastrophe naturelle en France et dans ses territoires d'outre-mer.
• Allemagne : Les forces armées allemandes disposent d'unités de lutte contre les incendies spécialisées qui peuvent être déployées à des fins civiles en cas d'urgence et de catastrophe.
• Canada : Les forces armées canadiennes, en particulier l'Aviation royale canadienne (ARC) et la marine canadienne, fournissent un soutien à la lutte contre les incendies en cas d'urgence et de catastrophe naturelle au Canada. Elles sont complétées par des pompiers civils du ministère de la Défense nationale sur de nombreuses bases.
• Constitutionnellement, les services d'incendie brésiliens sont des institutions organisées avec du personnel militaire au service des États fédérés, du district fédéral et des territoires.

Ce ne sont là que quelques exemples, et de nombreux autres pays utilisent également leurs pompiers militaires à des fins civiles en cas de besoin ou disposent de pompiers ayant un statut militaire.

Si les pompiers militaires sont responsables de la gestion des incidents classiques, ainsi que de tâches militaires plus spécifiques comme sur les bases, ils mettent également leurs compétences à contribution lors d'événements systémiques où les services de sécurité civile nécessitent une expertise technique de haute intensité. Parmi les cas notables et récents d'intervention des pompiers militaires, on peut citer :

• Incendies de forêt en Australie (2019-2020) : Au cours de la saison des incendies de forêt catastrophiques en Australie, des pompiers militaires de la Force de défense australienne (ADF) ont été déployés pour participer aux efforts de lutte contre les incendies dans tout le pays. Ils ont travaillé aux côtés des pompiers civils pour éteindre les incendies, procéder aux évacuations et apporter un soutien aux communautés touchées2.
• Incendies de forêt au Chili (2017) : L'armée chilienne a déployé des milliers de soldats, dont des pompiers militaires, pour aider à lutter contre les incendies de forêt qui ont dévasté de vastes zones du centre et du sud du Chili. Leurs efforts ont contribué à contenir les incendies et à prévenir de nouveaux dégâts.
• Incendies de forêt au Portugal (2017) : Les pompiers militaires portugais, ainsi que d'autres services d'urgence, ont lutté contre les incendies de forêt qui ont balayé de grandes parties du centre et du nord du Portugal. Malgré les conditions difficiles, leurs efforts ont permis de sauver des vies, de protéger les biens et de contenir les incendies.
• Ouragan Katrina (2005) : Au lendemain de l'ouragan Katrina, des pompiers militaires de diverses branches des forces armées des États-Unis ont été déployés pour fournir un soutien à la lutte contre les incendies, des opérations de recherche et de sauvetage et une assistance médicale. Ils ont joué un rôle crucial en aidant à secourir les survivants et à fournir de l'aide aux personnes touchées par la catastrophe.
• Incendie de l'USS Forrestal (1967) : Pendant la guerre du Vietnam, un incendie s'est déclaré à bord de l'USS Forrestal, un porte-avions de la marine américaine. L'équipage du navire, y compris les pompiers militaires, a lutté contre l'incendie pendant des heures, sauvant finalement le navire et une grande partie de son équipage. Malgré les pertes en vies humaines et les dégâts importants, leurs efforts ont permis d'éviter une catastrophe bien plus importante.

Ces exemples illustrent le rôle essentiel que jouent les pompiers militaires dans les interventions d’urgence et les catastrophes, tant au pays qu’à l’étranger. Leur professionnalisme et leur dévouement ont permis d’éviter de nouvelles catastrophes dans de nombreuses situations.

La récente pandémie mondiale a entraîné une augmentation du nombre de pompiers militaires dans plusieurs pays assumant des rôles opérationnels de gestion de crise. Certaines unités militaires se sont ainsi vu confier une nouvelle mission dans plusieurs pays développés, à savoir coordonner la réponse à la COVID-19. En Espagne, l'unité militaire d'urgence espagnole (UME – Unidad militar de Emergencia) a développé des missions et de nouvelles capacités opérationnelles pour organiser une réponse nationale à la pandémie. Plusieurs sondages d'opinion ont indiqué que l'implication des unités militaires dans des situations de crise complexes et de grande ampleur est également perçue favorablement par le public³.

Cette technologie offre une gamme de possibilités de formation et d'amélioration des compétences des pompiers militaires dans tout le spectre de leurs activités. La formation aux compétences comportementales est une méthode permettant de développer des réponses naturelles aux comportements situationnels correspondants en cas d'urgence. Les stagiaires en sécurité/sûreté s'engagent plus activement dans des environnements simulés, et il est plus acceptable de faire des erreurs et de prendre de mauvaises décisions que dans des situations réelles⁴. De plus, les résultats de ces simulations sont plus réalistes que ceux des exercices extrêmes sur table. Il est évident que les technologies de simulation et de réalité virtuelle révolutionnent le paysage de l'apprentissage et de la formation en créant des environnements très réalistes.

Le défi, cependant, est de créer des environnements, et plus largement des produits logiciels, suffisamment réalistes pour être raisonnablement immersifs, pour reproduire des événements tels que des tremblements de terre⁵, des tempêtes, des inondations⁶ ou des incendies de plusieurs catégories, y compris des effets domino le cas échéant⁷.

Les jeux sérieux et la réalité virtuelle (RV) peuvent être très utiles aux pompiers militaires, en leur offrant des expériences de formation immersives et réalistes. Ce qui suit décrit le processus :

1. Simulation de formation
   Les jeux sérieux et la réalité virtuelle peuvent fournir des simulations réalistes de scénarios de lutte contre les incendies, permettant aux pompiers militaires de mettre en pratique leurs compétences dans un environnement sûr et contrôlé. Ces simulations peuvent reproduire un large éventail de scénarios, notamment des incendies, des incidents impliquant des matières dangereuses et des opérations de sauvetage. Elles offrent aux pompiers une occasion précieuse de développer les compétences et les capacités de prise de décision nécessaires.
    
2. Un environnement sans risque est garanti
   La réalité virtuelle (RV) permet aux pompiers de s'entraîner à des situations dangereuses et à haut stress sans se mettre en danger ni mettre en danger les autres. Ils peuvent s'entraîner à répondre à différents types d'urgences, y compris des scénarios difficiles à reproduire dans les environnements de formation traditionnels. Cependant, aucun risque opérationnel n'est associé à ces simulations, comme la manipulation de substances dangereuses ou le travail dans des fumées.
    
3. Personnalisation des scénarios
   Les jeux sérieux et les programmes de formation en RV peuvent être personnalisés pour répondre aux besoins de formation spécifiques des pompiers militaires. Les scénarios de formation peuvent être adaptés pour simuler les types d'urgences les plus susceptibles d'être rencontrés dans le cadre de ce rôle, garantissant ainsi que le personnel est bien préparé à réagir efficacement dans des situations réelles.
    
4. Développement des compétences
   La formation en réalité virtuelle peut aider les pompiers militaires à développer un large éventail de compétences, notamment les techniques de lutte contre les incendies, les opérations de recherche et de sauvetage, la réponse aux matières dangereuses, les situations d'urgence et le travail d'équipe. En offrant des expériences de formation réalistes et interactives, les jeux sérieux et la réalité virtuelle peuvent aider les pompiers à renforcer leur confiance et leur maîtrise de leurs capacités.
    
5. Évaluation et retour d'information
   Les jeux sérieux et les programmes de formation en réalité virtuelle peuvent surveiller les performances des pompiers pendant les simulations de formation, permettant aux instructeurs de fournir des commentaires et d'identifier les domaines à améliorer. Ces commentaires peuvent aider les pompiers à améliorer leurs compétences et à devenir des intervenants plus efficaces.

Globalement, les jeux sérieux et la réalité virtuelle ont le potentiel d'améliorer considérablement la formation des pompiers militaires, en leur fournissant des expériences de formation réalistes et efficaces qui les préparent à répondre aux situations d'urgence de manière efficace et sûre.

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous ! Nous sommes prêts à vous aider.

Président : Emmanuel Vaucher, emmanuel.vaucher@vr-crisis.com
CTO : Eric Maranne, eric.maranne@vr-crisis.com

^{5 Li, C., Liang, W., Quigley, C., Zhao, Y., et Yu, L. (2017). Formation à la sécurité sismique par le biais d'exercices virtuels. IEEE Trans. Visuel. Calcul. Graphique. 23, 1275–1284.
6} Toshio, F., et Kodai, F. (2020). Tester les interventions publiques pour l'évacuation en cas de crue soudaine grâce à des indices environnementaux et sociaux : le mérite des expériences de réalité virtuelle. Int. J. Disast. Risk Reduct. 50:101690.
⁷ Chen S-Y et Chien W-C (2022) Jeux sérieux de réalité virtuelle immersive avec apprentissage assisté par DL dans l'évacuation des incendies dans les immeubles de grande hauteur sur la formation et la recherche en sécurité incendie. Front. Psychol. 13:786314.

Teamcrise

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Contacts : 
CEO : Emmanuel vaucher (emmanuel.vaucher@vr-crisis.com)
CTO : Eric Maranne (eric.maranne@vr-crisis.com) 

Résumé 
Les technologies du serious game et de la réalité virtuelle (VR) offrent des solutions concrètes très satisfaisantes pour l’entraînement, la formation et la communication de crise. La sûreté et la sécurité des lieux de culte ont, ces dernières années, souvent été en situation de tension, entre actes terroristes et incendies destructeurs (Notre dame de Paris ou les orgues de la cathédrale de Nantes), mais aussi dégradations et agressions.
Cet article examine la situation des lieux de culte en Europe et aux États-Unis, les besoins émergents qui en découlent pour plusieurs catégories d’acteurs – les personnels religieux, les croyants, mais aussi les différents services de secours – sapeurs-pompiers, services urgentistes, police ou unités spéciales contre-terroristes – et ce, dans un cadre spécifique cultuel à la fois symbolique et religieux. Il conclut à l’intérêt du serious game et de la réalité virtuelle pour l’entraînement multi-acteurs.

L’association des approches basées sur le jeu sérieux et les environnements de réalité virtuelle (VR) qui peuvent améliorer les méthodologies d'apprentissage, de formation, d’entraînement, mais aussi de sensibilisation, semblent avoir un présent et un futur à la fois prometteurs et variés.  Ce dynamisme bénéficie de la disponibilité de standards civils en logiciels et matériels, ce qui abaisse mécaniquement les coûts au regard des standards militaires originels en la matière. Ces technologies associées bénéficient aussi de l’avènement de dispositifs informatiques bon marché – GPU et écrans 4/5 K, couplés aux performances de l’Internet à haut débit qui permettent le passage à l’option e-learning (mise en réseau multi-joueurs).

Les serious games se caractérisent d’abord par le caractère unique de leur lien design/fonction : L’objectif pour les joueurs n’est pas de gagner, mais d’apprendre à travers l’expérience. Les serious games permettent ainsi ce que certains ont appelé avec pertinence « l’apprentissage exploratoire»¹. En l’espèce, concernant les serious games qui s’intéressent à la sécurité ou à la sûreté (nous définirons ces termes plus loin dans le contexte), l’apprentissage peut utilement porter, par exemple, sur la gestion d’incidents ou d’accidents dont la réalisation dans la réalité serait hors de proportion, aussi bien en termes de :

• Coûts,
• Gestion en ressources humaines (le nombre des personnes nécessaires à utiliser),
• Impact environnemental (la question des déchets et fumées produites par des incendies d’exercice, la toxicité éventuelles des substances produites ou utilisées pour et par les sapeurs-pompiers)
• Ou dans le cas des lieux de culte, parfois très anciens, fragiles ou mondialement symboliques, de protection et de conservation des lieux.

Cette association désormais robuste et bien évaluéé²; de deux gammes de technologies offre ainsi de nombreux avantages inhérents à la mise en œuvre d’une pédagogie dans l’action virtuelle. Plutôt que d'être des observateurs passifs, les utilisateurs s'engagent dans ces environnements d'apprentissage en tant que participants actifs, ce qui permet le développement de paradigmes d'apprentissage inédits via l'exploration d’environnements immersifs.

Les lieux de culte – considérés ici dans toute la variété des religions – sont des bâtiments porteurs de sens. Ils sont ce que nous pourrions appeler des « infrastructures critiques symboliques ».  En réalité, ils sont au cœur de nombreuses problématiques et défis relevant de la sûreté, définie comme l'ensemble des moyens dédiés à la prévention des actes de malveillance (ces actes, par définition volontaires, ont pour finalité le profit et/ou l'intention de nuire (vol, vandalisme, terrorisme, agression physique ou verbale). Ils relèvent aussi, bien sûr, de la sécurité, considérée comme l’ensemble des mesures déployées pour protéger les biens et les personnes des accidents et catastrophes naturelles, d’origine technologiques ou mixtes (NATECH)³, tels que les incendies, les séismes ou autres incidents/accidents impactants, avec leurs effets en cascade (pollutions induites, feux répandus).

Les lieux de culte sont souvent vulnérables, par exemple en raison de leur rôle symbolique, de l’affluence régulière (et par exemple d’enfants) et aussi en raison de la présence régulière et bien connue d’argent liquide donnée par les croyants. Ils sont souvent fragiles, spécialement en Europe où les églises, en particulier, sont souvent très anciennes et contiennent des œuvres ou des artefacts immémoriaux et précieux.
De ce point de vue, et on l’a hélas vu lors de l’incendie de Notre dame de Paris, ces bâtiments ne sont pas toujours aux normes les plus avancées de la prévention des incendies. Ils ne sont pas non plus mis aux normes concernant diverses substances toxiques, et pour cause. Les niveaux élevés de plomb observés sous le vent de la cathédrale parisienne indiquent ainsi que le sol de surface a conservé la marque des retombées de plomb de l'incendie. Bien que la quantité estimée de plomb redéposé dans un rayon d'un kilomètre ne représente qu'une petite partie de la quantité totale recouvrant la cathédrale, elle aurait pu constituer un risque pour la santé, les enfants situés sous le vent pendant une période limitée⁴.

Les lieux de culte ne sont pas toujours non plus, et pour cause, aux normes antisismiques modernes⁵, comme on l’a vu à Assise (1997). Les basiliques italiennes historiques typiques utilisent en effet la maçonnerie non armée comme principal matériau de construction⁶.

Ils ne bénéficient pas enfin systématiquement, surtout en Europe, de systèmes modernes d’alarme et de protection, tandis que la plupart des cambriolages et des vols - en particulier dans les lieux de culte et les écoles - sont des délits d’opportunité commis par des amateurs⁷.

Les agressions des croyants ou des religieux présents dans les lieux de culte, entre actes isolés commis par des personnalités borderlines ou les mass-shootings, sont, elles aussi, fréquentes. Selon une étude américaine, entre 1970 et 2017, 150 attaques terroristes aux États-Unis ont visé des personnalités et des institutions religieuses. Quinze de ces attentats ont été mortels⁸. Elles ont tué 42 personnes, dont trois auteurs, et en ont blessé 38 autres. La majorité de ces attaques (79 %) visaient des églises, des mosquées, des synagogues et des temples. Quatorze pour cent visaient des personnalités religieuses, notamment des ministres du culte, des prêtres, des rabbins ou des imams, et 7 % visaient des institutions affiliées à une religion, principalement des centres communautaires. En Europe, de semblable attentats ont eu lieu dans un passé récent – par exemple à Nice ou à Saint-Etienne-du-Rouvray. De même, en Nouvelle-Zélande, une attaque contre une mosquée a fait de nombreuses victimes.
 

³ Le Coze, J.C., 2013. New models for new times. An anti-dualist move. Safety Science 59, 200-218.

⁴ Glorennec, P.; Azema, A.; Durand, S.; Ayrault, S.; Le Bot, B (2021). The Isotopic Signature of Lead Emanations during the Fire at Notre Dame Cathedral in Paris, France. Int. J. Environ. Res. Public Health 18, 5420.

⁵ https://www.fema.gov/sites/default/files/2020-08/fema_assessing-seismic-performance-irregularities_p-2012.pdf 
⁶ Binda, L., Cardani, G., Penazzi, D., and Saisi, A. (2003). Performance of some repair and strengthening techniques applied to historical stone masonries in seismicareas. International Conference on Performance of Construction Materials in the New Millennium, 1:1195–1204. 31, 32 ; Mele, E., De Luca, A., and Giordano, A. (2003). Modelling and Analysis of a Basilica Under Earthquake Loading. Journal of Cultural Heritage, 4:355–367. 9, 30, 34.
⁷ https://www.cmselect.com/wp-content/uploads/2020/05/CMS20_01-Crime-Proof-Your-Worship-Center.pdf 
⁸ https://www.start.umd.edu/pubs/START_ReligiousTargets_FactSheet_Oct2018.pdf 

Plusieurs efforts empiriques ont abouti – le plus souvent aux États-Unis – à des protocoles normés de protection des lieux de culte. Ils ont leurs mérites et plusieurs avantages : En 2021, le ministère de l’Intérieur américain (Homeland Security Department) publia ainsi un guide opérationnel pour réduire les attaques ou agressions (y compris le vandalisme)⁹ contre les lieux de culte du pays. Ce document, comme d’innombrables autres protocoles produits dans les États fédérés ou plus localement encore, recommandent globalement une approche « holistique » de la sécurité. Ils définissent ainsi clairement les rôles et les responsabilités en matière de prise de décision, de planification et de mise en œuvre des procédures et des capacités dans l'ensemble de l'organisation du lieu de culte considéré¹⁰.

Au final, l’action des États fédérés existe, elle est indéniablement concrète. À titre d’exemple, le Bureau du gouverneur du Maryland pour le contrôle et la prévention de la criminalité (GOCCP) a ainsi publié, en 2020, un avis de disponibilité de financement pour la subvention « Protecting Religious Institutions Grant » (protection des institutions religieuses). Cette subvention apporte un soutien financier aux congrégations religieuses de toutes confessions pour renforcer la sécurité des
lieux de culte dans le Maryland et protéger les institutions religieuses contre les crimes de haine¹¹.

De manière classique aux États-Unis, des liens de coopération concrète existent systématiquement entre le niveau fédéral et le niveau le plus local. Ainsi, dans les communautés locales, les conseillers en sécurité protectrice (Protective Security Advisors - PSA) du ministère américain de l’Intérieur travaillent avec les autorités fédérales, étatiques et locales (toujours en lien avec les primo-intervenants) afin de protéger les infrastructures critiques religieuses et les partenaires du secteur privé, y compris à l’occasion des événements spéciaux à finalité ou base religieuse¹².

L’Union européenne a sans doute pris tardivement conscience des problèmes. Elle s’efforce de rattraper son retard par le moyen de programmes de recherche-action financé par le cadre pluriannuel Horizon (PARTES – PARticipatory approaches to proTEcting placeS of worship, EUCARE – Community Awareness Resilience Education (C.A.R.E.) for Europe), etc.

Pour autant, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, il apparaît que les recommandations émergentes ou les solutions préconisées ne tiennent pas toujours compte des possibilités offertes par toutes les nouvelles technologies.
 

⁹ https://www.cisa.gov/resources-tools/resources/mitigating-attacks-houses-worship-security-guide 

¹⁰ En particulier : Plan de sécurité multi-niveaux, plans d’action d’urgence, de continuité d’activité, plan d’interventions exécuté par l’équipe de sécurité ; évaluation de la vulnérabilité, renforcement de la préparation et de la résilience de la communauté, sécurité physique de surveillance et de protection des périmètres extérieurs, veille active cybersécurité.
¹¹ http://goccp.maryland.gov/governors-office-of-crime-control-and-prevention-releases-notice-of-funding-availability-for-protecting-religious-institutions-grant/
¹² https://www.fdle.state.fl.us/FFC/Documents/Toolkit-Documents/Hometown-Security-Report-Series-Houses-of-Worship.aspx

Le serious gaming et la réalité virtuelle offrent conjointement une gamme supplémentaire de possibilités, entre formation, apprentissage et gestion de crise. Cette technologie dépasse de loin les anciens exercices de table (« table-top exercizes ») et permet des exercices multi-joueurs, multi-niveaux employant tout le spectre de réponse des secours opérationnels. Les objectifs sont ou peuvent d’abord être la validation des plans d’urgence et de leur efficacité, le développement des capacités des joueurs ou l’expérimentation de nouvelles doctrines opérationnelles. Ils offrent des perspectives précieuses de confrontation de différentes cultures d’organisation, et développement d’une compréhension organisationnelle des rôles de chacun et des interdépendances. 

Les solutions immersives permettent en effet aux joueurs, encore une fois, de faire face à des situations variées, aussi bien probables et sans impact fort, qu’à des situations improbables et aux effets majeurs (incendie d’une cathédrale, prise d’otages).

Ci-dessous, jeu sur le thème « Prise d’otages/intervention contre-terroriste) :

Ces situations variées de jeu sont toujours évolutives – si cela est souhaité par les évaluateurs de l’exercice et des joueurs. Des événements peuvent ainsi être introduits dans l’exercice de manière non-linéaire. Ils ont chacun des effets dominos, eux aussi paramétrables après la réponse des joueurs virtualisée (les joueurs choisissent le matériel de secours, son lieu d’implantation et d’action, le moment de son emploi, son transfert, renouvellement, redéploiement ou arrêt), etc., selon à titre d’exemple un schéma d’actions /réactions représenté ici a posteriori :

T1 : événement de bas niveau (individuel/graffiti) -> Réaction adaptée des joueurs (O/N) -> Retour à la situation T1 (O/N) et/ou événement de niveau supplémentaire T2 (Incendie du portail d’entrée) (O/N) -> Réaction adaptée des joueurs (O/N) -> Retour à T1 (incendie s'arrête ou il est circonscrit) ou poursuite de T2 (O/N) ou passage à T3 (incendie se propage dans le déambulatoire) -> TN.

Dans la configuration ci-dessous, le thème de l’exercice est un incendie accidentel provoqué par des bougies dans une église. À ce stade, l’équipe de secours n’a pas encore organisé son dispositif, ni même fait un premier bilan de situation :

Les solutions adoptables par les joueurs relèvent de la pratique opérationnelle réelle : Quel feu ? Quelles sont ses caractéristiques ? Localisation, vulnérabilité de la zone immédiate ? Dispositif de réponse ? -> Boucle rétroactive -> Y a-t-il du monde dans l’église ?, etc.

L’organisateur de l’exercice, en fonction des réponses des joueurs (adéquates ou non) peut durcir ou faire évoluer l’incendie, vers une dimension « majorante », comme ci-dessous – Scénario : feu de bougies dans la chapelle d’un château -> réponses adaptée des joueurs -> Durcissement du scénario vers un incendie généralisé :

Un inconvénient des serious games basiques est de se réduire à des arbres décisionnels, type décision A  (O/N) -> décision N (O/N). Ce type de fonctionnement est trop mécaniste, statique, et peu conforme à la variété des situations réelles. Il a pour but unique de vérifier des réponses standardisées, voire stéréotypées, de la part des joueurs. Un serious game ouvert, aux conditions de jeu amendables en permanence et dans tous les sens, permettra en revanche d’apprécier non seulement les réponses standards, mais aussi des réponses extraordinaires, hors normes et/ou hors des procédures opérationnelles habituelles (Adaptabilité des réponses habituelles prévues à l’inhabituel).

Il nous semble que l’adaptabilité du jeu aux joueurs (quel que soit leur niveau – décideurs, opérationnels, techniciens), la variabilité des conditions de la crise et des possibilités innombrables d’évolution de la crise jouée, ajoutent de la véracité et de « l’improbabilité » suivant la pertinence des actions des joueurs.

Ainsi, à titre d’exemple, dans le cadre d’une simulation d’exercice d’un incendie de cathédrale dont le toit contient de fortes doses de plomb, la capacité de modifier soudainement la géographie des vents (par exemple en direction d’une zone d’habitation dense) entraînera les joueurs à tenter de s’adapter à cette nouvelle situation. Ci-dessous, exemple de vectorisation choisie des vents pour durcir les conditions d’exercice, en incorporant, dans la zone indirecte d’incident, des habitations :

Ainsi, la flexibilité et l’adaptabilité des serious games permettent aux joueurs de faire face à des situations changeantes, non-optimales, et à des conditions d’accès à l’information dégradée, car proches de la réalité.
Le public cible des multi-joueurs, en interaction ou non (et quel qu’il soit – personnels religieux, équipe de sécurité de la paroisse, si elle existe, sapeurs-pompiers, policiers), est ainsi précipité dans un stress opérationnel qu’il serait difficile d’atteindre dans des conditions réelles, ne serait-ce que pour des raisons concrètes. Les solutions immersives permettent de ce fait l’entraînement à bon marché et d’une manière respectueuse de l’environnement, y compris pour l’organisation des secours en cas d’événement de masse¹³.

De manière optimale, les logiciels de virtualisation et de simulation peuvent encore être utilement couplés à des bases de données produites qui, en interdépendance, permettent de calculer les effets domino de dispersion de produits (NBRC, polluants, consommables) :

T1 : incendie d’église -> T2 : propagation de l’incendie à un site entreposant une substance x (nitrate d’ammonium, chlore), etc. -> T3 : décision des évaluateurs : Effets domino (O/N) -> TN. 

Les joueurs ont, au demeurant, accès en partie à l’arrière-plan technique de la virtualisation. Il s’agit pour eux, de connaître, par exemple l’usure des stocks des produits qu’ils ont décidé d’utiliser (Temps de mise en œuvre, évolution visible et mesurée concomitante des stocks de produits employés (ici, mousse), association en effet domino des produits chimiques employés), etc. Ci-dessous, un exemple d’interfaces « joueur » :

L’évaluation des performances des joueurs et des résultats individuels ou globaux (prise de décision, émergence de leaders positifs, adaptabilité ou non des plans prévus, pertinence de la doctrine opérationnelle) fait désormais l’objet de nombreuses études robustes¹⁴. On notera, avec fascination, que certaines circonstances situationnelles virtualisées, induisent chez les joueurs des réactions de stress proches de la réalité opérationnelle, y compris la peur de mourir¹⁵.

La spécificité des lieux de culte peut être ainsi prise en compte beaucoup mieux qu’elle ne peut l’être par certains systèmes de surveillance. Ainsi, tandis que la zone du confessionnal d’une église catholique peut moins que d’autres être surveillée par une caméra en raison du secret de la confession, le marquage/zonage dans la réalité immersive de cette zone ou des zones les plus importantes pour le culte (le tabernacle par exemple), peut favoriser la prise de conscience des primo-intervenants joueurs que certaines zones, si possible, nécessitent peut-être une protection particulière. Il en va de même, bien sûr, pour le marquage/zonage des archives ou des œuvres d’art.

¹⁴ Walch M et al (2017) Evaluating VR Driving Simulation from a Player Experience Perspective. In: Proceedings of the 2017 CHI Conference Extended Abstracts on Human Factors in Computing Systems - CHI EA ‘17
¹⁵ Teräs H, Chang V, Wood LC (2014) Authentic, immersive, and emotional experience in virtual learning environments: The fear of dying as an important learning experience in a simulation.

Au final, l’association des technologies de serious games et de réalité virtuelle paraît avoir plusieurs intérêts importants pour renforcer, par des entraînements et des jeux de gestion de crise multi-niveaux et multi-agents, la sûreté et la sécurité des lieux de culte. À la fois orientés sur le renforcement des rôles et les fonctions opérationnelles en contexte, ces produits – surtout s’ils sont interactifs et variables –, permettent l’acquisition d’expérience à bon marché et sans contraintes légales, environnementales ou religieuses.